mardi 8 juin 2010

Les plus mauvaises nuits... J'ai mal à une veine du cou, à un os de la hanche, à la plante des pieds, je n'arrive pas à respirer, les cauchemars de la nuit précédente me hantent encore qu'il est déjà temps de s'abandonner aux bateaux qui passent au dessus des ponts, au voisin qui veut ma peau, au mot allemand qui n'existe pas mais qui tourne dans l'air vicié, il fait trop chaud, réveil en sursaut, gorge nouée, muscles crispés, peau au drap accrochée, mes plus mauvaises nuits, toujours la même histoire, des degrés d'intensité, des dérèglements différents, ton absence ou ta présence, je désespère.

Ce matin, j'ai pris le train très tôt, me suis laissée surprendre par l'affluence à 7h10, j'avais oublié...le train que j'ai pris presque un an, comment à cette heure la ville vit déjà, et les rayons qui charrient la poussière dans les wagons bondés.
Il n'y a qu'à la gare que je me souviens que je suis dans une capitale, ma ville s'est rétrécie autour de quelques rues, comme elles finissent toutes par le faire - fumer une clope sur le parvis ensoleillé, ensommeillée, regarder la ronde des taxis, des arrivées, des départs, on reviendra, c'était bien, et puis il fait beau finalement, on a eu de la chance.

Un accident est si vite arrivé pourtant, mais nous avons les moyens, sinon de l'éviter, de le réparer - si vite.

Alors pourquoi tu pleures?


lundi 26 avril 2010

W., terminus

Ca m'avait plutôt étonnée, de ne pas pouvoir dormir comme ça, puis un peu effrayée de me réveiller dans cet état au beau milieu de la nuit, parce que moi, les scrupules, je me disais que certes c'était assez mon truc, mais pas là, pas pour ça. D'abord, je n'avais pas commencé, ça n'était pas de moi que c'était venu en premier, et c'était important. Je me disais que peut-être c'était une chance parce que, justement, ça me permettait de ne pas me sentir coupable, et de voir si ça me convenait, que les choses se passent comme ça.

Puis le hasard. L'occasion de prendre une revanche non sur lui mais sur un peu de la tristesse qui avait été la mienne la première fois que nos chemins s'étaient croisés. Le hasard vraiment trop beau pour être vrai, qui éclairait lourdement toutes les pensées qu'on ne peut pas s'empêcher d'avoir quand on retrouve quelqu'un qui prédisait qu'un jour, on se croiserait quelque part, et que les choses seraient différentes.

J'avais très peu dormi quand j'ai été à la gare, il fallait que j'empêche mon esprit de se figurer que ce n'était pas lui qui allait descendre du train, mais quelqu'un dont la présence serait légitime. Je crois bien qu'avec ce mot, c'était déjà foutu, au fond. Il sentait le secret et le scandale, l'épouse trahie et les revendications. Il ne s'était jamais imposé auparavant, pas du tout, englouti qu'il était par une certaine idée de la joie, et quelque part, de la chance, tellement qu'à ce joli concept, je n'avais pas pensé à donner un nom.

Parce que j'étais toujours ailleurs quand j'étais avec lui, je ne pensais pas que la proximité de qui que ce soit puisse me ramener au port. Mais j'avais tort. Lui, là, dans cette petite ville d'Allemagne, il avait carrément l'air déplacé, au sens premier du terme. Et moi, je sentais que j'étais 200 km trop au sud, mais que le vent avait déjà tourné.

C'est étrange, je n'avais pas prévu que, soudain, il n'y aurait plus assez de place pour respirer tranquillement. Je ne savais pas que sitôt que ce précieux calme dans le chaos aurait disparu, je disparaîtrais aussi, sans excuses, presque sans explications. Mais je savais les mots qu'il utiliserait pour dire qu'il comprenait, que non non, il n'était pas fâché, que non, il ne m'en voulait pas.

Et puis qu'un jour, certainement, on se croiserait quelque part et que les choses seraient différentes.